Au bout d’une route de campagne meusienne d’où émergent timidement des collines de sapins, chênes et vieux frênes, serpentent des chemins mystérieux que l’aubépine, les ronces, les martres et les renards protègent courageusement. En vous perdant un peu, vous pourrez découvrir un paysage magique façonné par l’homme, que la nature a partiellement regrignoté. Un décor parfois lunaire, calfeutré dans un semblant de silence, emmitouflé des traces encore décelables d’une activité passée.

Ce coffret de 20 alugraphies témoigne de souvenirs de la vie dans le hameau des Carrières d’Euville que mes grands-parents, immigrés italiens, me contaient en équeutant les haricots.
Sans aucune prétention d’historien, je peux juste affirmer que les carrières furent exploitées dès le 17ème, tout comme les hommes et les femmes qui y ont travaillé. Les blocs de pierre débités à la force des bras, ainsi qu’au rythme des cadences infernales, furent utilisés pour bon nombre de constructions architecturales. Certaines des galeries furent même réquisitionnées par l’armée nazie pour stocker du matériel. Ces centaines d’inconnu.es qui ont bravement écorché leur vie sont pour moi les ombres bleues.